Une éloge de la lenteur
Je ne sais pas pour vous, mais il m’arrive souvent d’entendre ou de lire qu’il faut pĂȘcher lentement.
Un conseil plutĂŽt bon, tant qu’on sait ce que cela signifie.
Qu’est-ce que ces pĂȘcheurs amateurs et professionnels ont en tĂȘte lorsqu’ils nous invite Ă ralentir ? Qu’est-ce que cela veut dire que de pĂȘcher lentement ? Comment s’y prendre ? Dois-je changer de moulinet ? De Canne ? De leurre ?
Je n’ai aucune rĂ©ponse scientifique Ă ces questions, seulement 10 ans d’expĂ©rience de pĂȘche du bar aux leurres dans les pattes (et j’en apprend tous les jours).
C’est donc avec une certaine humilitĂ© que je vous partage ma comprĂ©hension du sujet.
Qu’est-ce que signifie pĂȘcher lentement ?
DĂ©jĂ qu’est-ce que signifie lentement ?
Si l’on en croit le petit Larousse : D’une maniĂšre qui manque de vivacitĂ©.
Adieu mouvement brusque, grattage frénétique, et autre animation dynamique donc. Ou pas.
Quand et oĂč pĂȘcher lentement ?
C’est sans doute le premier point Ă prĂ©ciser.
Dans quelles conditions ? Ă quel moment ? pour quel type de spot ?
Peut-ĂȘtre partagez-vous vous aussi le sentiment qu’en gĂ©nĂ©ral « on attaque dur », avec des animations agressives.
Puis, quand on fait le constat que ça ne marche pas, on se dit qu’il faut ralentir.
C’est trĂšs certainement ce que je fais. Toujours excitĂ© de me retrouver au bord de l’eau.
Maintenant il faut se rendre Ă l’Ă©vidence, pas facile de pĂȘcher lentement dans les vagues, face au vent.
Les conditions calmes (bien que l’on puisse frĂ©quenter un fort courant), paraissent donc un instant plus propice Ă une animation lente.
J’ajouterai les spots. Oui, il est possible de pĂȘcher lentement dans une pĂȘche de prospection, tout comme il possible de le faire sur des spots marquĂ©s (parcs Ă huitres, courant, estuaire, tĂȘte de roche).

A titre d’exemple, ici je pique un joli bar Ă Ă peine 1m du bord. Je ne suis pas venu animer lentement pour rien dans cette zone.
Ce jour lĂ , l’eau Ă©tait particuliĂšrement claire. Avec le remontant, le ressac a commencĂ© Ă toucher le sable. CrĂ©ant par la mĂȘme occasion une bande d’eau trouble, longeant le trait de cĂŽte sur 2-3m de large. Une zone propice pour le bar car ses proies ne le voient pas arriver. Aussi elles y feront tout pour s’y faire discrĂštes.
Comment pĂȘcher lentement ?
Pour ma part, en fonction de la technique employée, je me dis « Fais le lentement ».
Au surface par exemple, plutĂŽt qu’un walking the dog rapide, imitant une fuite qu’on n’a jamais vue dans la nature, avec des pauses (parce qu’il faut en faire), je me dis « Stop ». Pause toi.
Un, deux, trois coups de scion. On s’arrĂȘte. Quand l’envie de reprendre nous prend, on attend encore. Quelques secondes, il faut que ça paraisse long. Puis on reprend.
Stick bait, lipless, poisson nageur, etc. c’est l’interprĂ©tation que je fais du pĂȘcher lentement.
Aux leurres souples, idem. A gratter, en linĂ©aire, ce n’est plus mon bras qui fait tourner mon moulinet, mais mes Ă©paules. Un mouvement doux, lent, qu’il est difficile d’obtenir lorsque l’on y met une once de force.
On cherchera donc a adopter une posture naturelle, qui ne met pas les muscles en tension, qui ne contracte pas le bonhomme quoi (ou la bonnefemme).
Mouliner avec les Ă©paules, ça demande de la concentration. Quand on y est, enfin, il n’y plus que soi et ce leurre qu’on s’efforce d’animer dans une lenteur telle, que pour une fois, votre leurre imitera une vĂ©ritable proie.
A la volĂ©e, je garderai la mĂȘme dynamique dans le geste. Mais j’espacerai chacun de ces mouvements, d’un vĂ©ritable temps de pause.
Un vĂ©ritable temps de pause, c’est quand c’est trop long. Qu’on a laissĂ© passer l’envie de reprendre l’animation.
Avec quels leurres peut-on pĂȘcher lentement ?
Au surface : Dans ma boĂźte Ă leurre, le sammy, le Z-Claw, le biotopstick sont des leurres qui se prĂȘtent plutĂŽt bien a une animation lente. Encore une fois, l’idĂ©e ici n’est pas de tout faire pour attirer l’attention. Ce que l’on veut, c’est imiter une proie Ă l’agonie. Qui n’a plus de force. Qui s’apprĂȘte Ă rendre l’Ăąme.
Est-ce qu’une proie qui est en train de quitter ce monde fait des bruits de claquement de billes ou de rattle ? J’ai mon petit avis lĂ dessus, et c’est pour ça que je prĂ©fĂšre les leurres de surface silencieux.
Je n’Ă©voquerai pas ici les poppers. Tout simplement car je n’en dispose pas dans ma boite Ă leurres.

 Les poissons nageurs : J’anime rarement lentement mes poissons nageurs (leurres dures avec ou sans bavette), mais comme dit plus haut, quand je le fais j’augmente surtout les temps de pause.
La pĂȘche aux poissons nageurs est une pĂȘche que je privilĂ©gie sur la fin de saison, Ă l’automne. Quand il y a du vent, des vagues, et qu’il fait bon de faire du bruit.
Alors oui, tous les PN ne sont pas bruyants. C’est vrai.
C’est juste que j’aime pĂȘcher avec ces leurres en fin de saison. Pas avant.
Les leurres souples :Â LĂ on touche au coeur du sujet. Que cela soit des petits shad ou des slugs comme le fameux x-layer, c’est la pĂȘche qui permet d’exploiter le champs des possibles de la lenteur.
Les gros bars n’aiment pas se dĂ©placer pour rien. Surtout au bord. On dit d’eux qu’ils sont fainĂ©ants. Qu’ils fonctionnent Ă l’Ă©conomie.
Peut-ĂȘtre, peut-ĂȘtre pas. Mais, partons sur cette hypothĂšse et agissons en pascaliens : S’il y en a un gros dans ce coins, que lui prĂ©sente un leurre Ă sa portĂ©e, et que lui montre un truc en vie mais en difficultĂ©, il devrait se dire « Hum, nourriture facile » non ? Â

MontĂ© avec un hameçon texan plombĂ© sur la hampe (3,5gr), ce hazedong shad en 4″ reprĂ©sente parfaitement le type de leurre souple que j’aime exploiter dans ces situation. On dirait un petit gobie, proie dont regorge le spot prospectĂ©.
En conclusion ?
Ralentir, c’est un geste Ă la portĂ©e de tous.
Le faire bien, peut-ĂȘtre moins, mais ça s’apprend.
Il serait donc dommage de quitter un spot infructueux jusqu’Ă lors, sans y tenter quelques « lancĂ©-ramené » Ă la vitesse petit v.
Pour voir une action lente en vidĂ©o, c’est par ici : https://youtu.be/FDSsUmrMZGA